Accéder au contenu principal

La Révolution dans le quartier Saint Germain: le Panthéon

Le nouveau guide Blue Lion dédié à la Révolution française pour iPhone/iPad vient de sortir sur le store de Apple. C'est un sujet, celui de la Révolution française à Paris, auquel nous tenons beaucoup car c'est bien autour de cela que est naît notre projet. Nous comptons publier d'autres titres sur ce sujet historique passionnant dans le futur.
Dans cet extrait l'auteur, Gilles Popineau-d'Arthon, professeur en Sciences-politiques auprès des universités américaines à Paris, nous fait découvrir l'importance du Temple de la Révolution, le Panthéon. L'appli peut être téléchargée ici.

Haut lieu de la mystique nationale autour de la tombe du premier roi chrétien Clovis, le Panthéon deviendra aussi le haut lieu de la mystique révolutionnaire avec les restes des penseurs et des acteurs de la Révolution.

Église de Sainte-Geneviève
De la nouvelle église abbatiale au Panthéon : Avant de devenir le temple civique de la République, ce fut d'abord une nouvelle église monumentale dédiée à Sainte-Geneviève, patronne de Paris enterrée au côté du premier roi Franc chrétien, Clovis. Voulue par Louis XV, elle devait être à la hauteur de ce haut lieu de l'Histoire de la fondation du Royaume de France et de l'enracinement mystique de la légitimité royale et de la Monarchie de Droit divin. En 1744 Louis XV, gravement malade, avait fait le vœu, s'il guérissait, de construire une nouvelle église en haut de la Montagne Sainte-Geneviève en remplacement de la vieille église abbatiale. Le projet, confié à Soufflot en 1755, est un plan centré en forme de croix grecque coiffée d'une immense coupole à colonnade qui culmine à 92 mètres défiant  les lois de l'équilibre architectural par les poussées qu'elle exerce. La majestueuse façade à portiques corinthiens inaugure l'âge néo-classique.  Au centre se trouvait la châsse contenant les reliques de Sainte Geneviève, patronne de Paris et une crypte fut aménagée au sous-sol. Elle avait trois entrées, deux clochers et 42 larges baies qui éclairaient magnifiquement l'intérieur, vous pouvez voir leur emplacement sur la façade latérale gauche du monument. On comprend mieux pourquoi les Révolutionnaires tenaient tant à transmuer ce symbole de la Monarchie de Droit Divin en un haut lieu de la Révolution.
Temple civique de la Révolution : L'église, magnifique réalisation du siècle des Lumières, fut  transformée en Panthéon, temple civique de la Révolution. En 1790, l'abbaye Sainte-Geneviève, comme les autres congrégations religieuses, fut frappée par la loi de nationalisation de l'Eglise de France, entraînant la confiscation par l'Etat des biens du Clergé, ainsi que la loi d'interdiction les ordres réguliers au nom de la liberté individuelle. L'Assemblée nationale constituante décida en avril 1791 de transformer cette église qui venait d'être achevée et n'était pas encore consacrée, en Panthéon destiné aux sépultures des hommes illustres ayant rendu des services à la Patrie : « que le temple de la religion devienne le temple de la Patrie, que la tombe d'un grand homme devienne l'autel de la liberté ». Les clochers furent rasés, les baies et les portes latérales murées (on peut voir leur emplacement sur les murs latéraux), la croix du Dôme enlevée. Sur le fronton fut inscrit : « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante ».
Mirabeau

Mirabeau, premier révolutionnaire au Panthéon : Mirabeau fut le premier à y trouver sa sépulture par décision de l'Assemblée. Le 2 avril 1791 son corps est porté au Panthéon de nuit à la lueur des flambeaux. Convaincu de trahison à l'époque de la Terreur, en novembre 1792, son cercueil fut sorti du Panthéon par une porte latérale au moment où le cœur de Marat, chef du parti des Enragés, assassiné par Charlotte Corday, franchissait la porte d'honneur. La cérémonie laïque et républicaine fut célébrée dans une pompe et un décorum quasi religieux, Robespierre l'Incorruptible fit un discours sur « cet homme pur qui terrorisait et épouvantait les contre révolutionnaires et les royalistes ».
Le « Saint-Denis de la République laïque » : La Révolution allait avoir ses cultes, ses martyrs et ses saints et surtout son temple, le Panthéon. A son tour considéré comme traître par l'Assemblée thermidorienne qui mit fin à la Terreur en août 1794, Marat sera  « dépanthéonisé » en février 1795, comme l'avait été Mirabeau. Des cérémonies de ce type se succédèrent au cours de la révolution, avec des processions  qui suivaient des itinéraires précis.
Translation des dépouilles de Voltaire au Panthéon

Déjà le 11 juillet 1791, sur décision de l'Assemblée « girondine » les restes de Voltaire avaient été transférés au Panthéon, marquant le lien entre la Philosophie de Lumières et la Révolution. Ce sera une des premières cérémonies révolutionnaires et la première affirmation du Panthéon comme temple laïc. En avril 1794, ce sont les restes de Rousseau qui y seront transférés. A cette occasion Robespierre développa, avec la notion de « Vertu »,  l'idée d'une base spirituelle et mystique de la Révolution fondée sur l'amour de Patrie et de ses lois. Les dogmes de cette morale nouvelle seront célébrés au cours de cérémonies civiques dédiées à la Déesse Raison. Mais Robespierre lia la « Vertu » révolutionnaire à la Terreur et au maintien de la Dictature de Salut Public alors que la République n'était plus en danger. Ce fut la pomme de discorde avec Danton et les Indulgents décapités en avril 1794. La réaction Thermidorienne d'août 1794 y mettra fin. Le Panthéon devint le « Saint-Denis de la République laïque ».

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Le Champ de Mars - Les travaux préparatoires à la Fête de la Fédération

Notre guide sur la Tour Eiffel et le Champ de Mars sera gratuite le 25 octobre. Voici un extrait signé par Alain Rustenholz. Le guide peut être téléchargé pour iPhone et iPad ici . Démolissez mentalement les immeubles des numéros impairs de l’avenue de Suffren, à votre gauche, pour retrouver la configuration du Champ de Mars originel : plus de 400 mètres de large sur près d’un kilomètre de long. Livrés à ce travail de colosses (la destruction de toute une rangée de bâtiments, et même deux : il vous faut abattre aussi le second rang, parallèle au premier, qui se découvre comme vous arrivez rue Octave Gréard), vous voilà, terrassiers, niveleurs, exactement dans la pose, dans la peau de la foule parisienne en cette fin de juin 1790. La Commune de Paris, suivie par l’Assemblée constituante, a proposé que les divers terroirs de la France se rassemblent en une Fédération générale ; le Champ de Mars doit être le creuset de cette fusion. Ce n’est alors qu’un terrain de manœuvre ; on compte

Piranesi studioso del Mausoleo di Adriano

In occasione della pubblicazione della guida su Castel Sant'Angelo ci siamo interessati un momento alla bellissima serie di disegni del mausoleo di Adriano realizzati da Giovanni Battista Piranesi. Giovanni Battista Piranesi fu un grande studioso dell'arte romana e si fra gli altri monumenti dell'antichità si interessò anche molto a Castel Sant'Angelo. Nato nel 1720 a Mogliano Veneto, all'epoca sotto dominio della Serenissima, Piranesi si avvicina all'antichità classica e all'arte grazie alla sua famiglia. Suo fratello Andrea lo introduce alla cultura latina mentre lo zio, magistrato delle acque a Venezia, lo inizia all'architettura e al patrimonio monumentale. A Roma dal 1740, al seguito dell'ambasciatore di Venezia presso la Santa Sede Marco Foscarini, risiede a Palazzo Venezia e entra in contatto con cerchie artistiche, prime fra tutte quelle francesi della Accademia di Francia. Dalla collaborazione con alcuni artisti francesi nascono le pr

Le Louvre médiéval: la salle Saint-Louis (3)

Troisième et dernière étape de notre parcours du Louvre médiéval qui nous mène dans les structures de la forteresse érigée par Philippe Auguste et dans les réaménagements suivants jusqu'à l'époque de Louis IX. Le texte complet de Daniel Soulié, avec un audioguide, peut être téléchargé pour des iPhone/iPad ou Android . On ne sait que peu de choses des aménagements intérieurs de l’ancien Louvre: aucune image n’en est conservée et les rares textes qui y font allusion sont souvent vagues et toujours peu fiables. Le premier Louvre de Philippe Auguste est une simple forteresse qui n’a jamais été dotée des espaces de représentation nécessaires au bon fonctionnement d’une résidence royale. Le roi disposait peut-être de quelques pièces habitables pouvant servir derefuge en cas de danger, mais rien ne permet d’en cerner les caractéristiques.