Les
Droits naturels, inaliénables et sacrés de l’Homme
Le
plan du cirque à l’antique des fêtes révolutionnaires figure évidemment en bonne place (au milieu
de la porte d’airain) sur le monument de sa commémoration, dans une sorte de
vue en plongée qui aurait été prise depuis la colline de Chaillot, parmi des
architectures de rêve de Claude-Nicolas Ledoux et des
constructions bien réelles qui vont du Colisée romain au Louvre en passant par
le temple de Vesta.
Si les œuvres d’Ivan Theimer nous ont habitués au fourmillement, on a ici,
comme l’écrivit James Lord, biographe de Picasso et Giacometti et auteur d’un
catalogue du sculpteur tchèque, « une véritable encyclopédie de textes, de
symboles, d'images qui ne concernent pas seulement la Révolution, mais toutes
les idées, les mots d'ordre, qui depuis les débuts de l'histoire, tendent à
promouvoir la dignité humaine, la liberté et la raison. »
Parmi
lesquels, bien sûr, des symboles maçonniques, qui sont en correspondance avec
l’arc de triomphe triangulaire de la fête de l’Être Suprême, et le rôle joué
par les frères dans la Révolution : en 1789, le duc d’Orléans, futur
Philippe Égalité, était Grand Maître du Grand Orient depuis quelque quinze ans,
et son actif secrétaire, l’auteur des Liaisons
dangereuses, Choderlos de Laclos, pareillement un initié.
Pour
donner quelques points de repères, on a, côté nord-est, face à la rue de
Grenelle, la porte d'airain encadrée des colonnes
Boaz et Jakin
du temple de Salomon, et le serpent qui se mord la queue autour
de l’oculus ; à l’opposé, deux obélisques qui portent la Déclaration des
Droits de l’Homme – « Les Représentants du Peuple Français, constitués en
Assemblée Nationale, considérant que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des
Droits de l'Homme, sont les seules causes des malheurs publics et de la
corruption des Gouvernements, ont résolu d'exposer, dans une déclaration
solennelle, les Droits naturels, inaliénables et sacrés de l'Homme… » - et,
pour la statue féminine, le calendrier des « évènements de 1989 dans le
monde », dont « l’écrasement du printemps de Pékin ». De l’une
aux autres, on vous laissera vous égarer dans le labyrinthe des significations.
Sans compter ce qui ne se voit pas,
ou rien qu’une fois l’an : «
Le jour du solstice d'été, à midi, l'astre du jour, un instant immobile au plus
haut de sa course, dissipera la pénombre du temple », explique l’astronome
Jean-Pierre Verdet, qui poursuit : « Yvan Theimer n'oublie pas non
plus qu'il est bon que les eaux sans rivage d’en haut rejoignent les eaux
gravides d'en bas, que les liens entre le ciel et la terre ne soient jamais
rompus : par un oculus, les eaux de pluie regagneront l’aqueduc qui depuis le
XVIIe siècle chemine sous le Champ de Mars. »
[Extrait du Guide sur Le Champ de Mars et la Tour Eiffel, à paraître prochainement]
Texte: Alain Rustenholz (© 2012)
Images: Blue Lion (ACZ, © 2012)
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