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Balzac: "Le cousin Pons" au Marais

Schmucke et Pons
Balzac connaissez bien le Marais pour y avoir grandi et habité à plusieurs reprises. Il en décrit les rue, l’atmosphère et ses habitants dans les grandes fresques de sa Comédie humaine. Plusieurs de ses personnages habitent ce quartier qui avait, au début du XIXe siècle et même un peu avant, perdu son allure d’antan. Les demeures des nobles et riches bourgeois qui s'étaient installés au Marais étaient abandonnées et tout au plus réutilisées comme écoles (voir l'hôtel Salé, aujourd’hui Musée Picasso) ou même comme des ateliers de manufacture. Le cousin Pons, Élie Magus, Lucien de Rubembré, Esther Gobseck, le comte et la comtesse de Granville ne font pas (ou plus) partie de la haute société parisienne... Voici un petit extrait de notre guide sur Balzac au Marais.

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Un des personnages du Cousin Pons, le docteur Poulain, qui va s'allier avec la logeuse de Pons et d'autres afin de déposséder le vieil homme de ses biens, habite ce qui est alors la rue d'Orléans-au-Marais, aujourd'hui la partie de la rue Charlot comprise entre la rue de Poitou et celle des Quatre-Fils.

« Le docteur Poulain demeurait rue d’Orléans. Il occupait un petit rez-de-chaussée composé d’une antichambre, d’un salon et de deux chambres à coucher. Un office contigu à l’antichambre, et qui communiquait à l’une des deux chambres, celle du docteur, avait été converti en cabinet. Une cuisine, une chambre de domestique et une petite cave dépendaient de cette location située dans une aile de la maison, immense bâtisse construite sous l’Empire, à la place d’un vieil hôtel dont le jardin subsistait encore. Ce jardin était partagé entre les trois appartements du rez-de-chaussée.
L’appartement du docteur n’avait pas été changé depuis quarante ans. Les peintures, les papiers, la décoration, tout y sentait l’Empire. Une crasse quadragénaire, la fumée, y avaient flétri les glaces, les bordures, les dessins du papier, les plafonds et les peintures. Cette petite location, au fond du Marais, coûtait encore mille francs par an. Madame Poulain, mère du docteur, âgée de soixante-sept ans, achevait sa vie dans la seconde chambre à coucher. Elle travaillait pour les culottiers. Elle cousait les guêtres, les culottes de peau, les bretelles, les ceintures, enfin tout ce qui concerne cet article assez en décadence aujourd’hui. Occupée à surveiller le ménage et l’unique domestique de son fils, elle ne sortait jamais, et prenait l’air dans le jardinet, où l’on descendait par une porte-fenêtre du salon. »
(Le Cousin Pons)

Pons, humble, digne et... très gourmand, est un professeur de musique égaré dans une époque (les années 1840) qui n'est pas la sienne. Il met toute sa passion dans une collection d'objets précieux, dont il découvrira la valeur trop tard et sera dépossédé par d'autres. L'Allemand Schmucke, également musicien, est son fidèle ami et co-locataire.

« Schmucke et Pons, en mariant leurs richesses et leurs misères, avaient eu l'idée économique de loger ensemble, et ils supportaient également le loyer d'un appartement fort inégalement partagé, situé dans une tranquille maison de la tranquille rue de Normandie, au Marais. Comme ils sortaient souvent ensemble, qu'ils faisaient souvent les mêmes boulevards côte à côte, les flâneurs du quartier les avaient surnommés « les deux casse-noisette ». [...]
La rue de Normandie est une de ces rues au milieu desquelles on peut se croire en province : l'herbe y fleurit, un passant y fait événement, et tout le monde s'y connaît. Les maisons datent de l'époque où, sous Henri IV, on entreprit un quartier dont chaque rue portât le nom d'une province, et au centre duquel devait se trouver une belle place dédiée à la France. [...] La maison où demeuraient les deux musiciens est un ancien hôtel entre cour et jardin ; mais le devant, sur la rue, avait été bâti lors de la vogue excessive dont a joui le Marais durant le dernier siècle. Les deux amis occupaient tout le deuxième étage dans l’ancien hôtel. » 


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Textes: Jean-Christophe Sarrot et Honoré de Balzac (Le cousin Pons)

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