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Articles

Affichage des articles du mai, 2012

Baudelaire sur Paris: le vin du chiffonier

Le vin des chiffonniers Souvent, à la clarté rouge d'un réverbère Dont le vent bat la flamme et tourmente le verre, Au cœur d'un vieux faubourg, labyrinthe fangeux Où l'humanité grouille en ferments orageux, On voit un chiffonnier qui vient, hochant la tête Butant, et se cognant aux murs comme un poète, Et sans prendre souci des mouchards, ses sujets, Épanche tout son cœur en glorieux projets. Il prête des serments, dicte des lois sublimes, Terrasse les méchants, relève les victimes, Et sous le firmament comme un dais suspendu S'enivre des splendeurs de sa propre vertu. Oui, ces gens harcelés de chagrins de ménage, Moulus par le travail et tourmentés par l'âge, Éreintés et pliant sous un tas de débris, Vomissement confus de l'énorme Paris, Reviennent, parfumés d'une odeur de futailles, Suivis de compagnons, blanchis dans les batailles Dont la moustache pend comme les vieux drapeaux. Les bannières, les fleurs et les arcs triompha...

Voltaire à propos du Louvre

L:e Louvre au XVe siècle Sur le Louvre Monument imparfait de ce siècle vanté  Qui sur tous les beaux-arts a fondé sa mémoire,  Vous verrai-je toujours, en attestant sa gloire,  Faire un juste reproche à sa postérité? Faut-il que l'on s'indigne alors qu'on vous admire, Et que les nations qui veulent nous braver,  Fières de nos défauts, soient en droit de nous dire  Que nous commençons tout, pour ne rien achever? Mais, ô nouvel affront! quelle coupable audace Vient encore avilir ce chef-d'oeuvre divin?  Quel sujet entreprend d'occuper une place Faite pour admirer les traits du souverain! Louvre, palais pompeux dont la France s'honore!  Sois digne de Louis, ton maître et ton appui;  Sors de l'état honteux où l'univers t'abhorre,  Et dans tout ton éclat montre-toi comme lui. Stances, 1749

Balzac au Marais: deux cafés

Le Café Turc Deux cafés du boulevard Les personnages de La Comédie Humaine fréquentent les théâtres du boulevard du Temple, dont la vogue faiblira au profit du boulevard des Italiens à partir des années 1820. Ils se rendent parfois au café du Cadran Bleu (à l'angle de la rue Charlot et du boulevard du Temple, au n°27 actuel) ou Café Turc (au n°29, occupé depuis par une annexe de la Bourse du travail). Plusieurs d'entre eux habitent le quartier : le cousin Pons , Élie Magus, Ferragus, Lucien de Rubempré , Esther Gobseck, le comte et la comtesse de Granville... Dans Les employés , Balzac parle ainsi du personnage d'Elisabeth Saillard : « Le dimanche, après avoir cheminé quatre fois de la Place-Royale  à l'église Saint-Paul, car sa mère lui faisait pratiquer strictement les préceptes et les devoirs de la religion, son père et sa mère la conduisaient devant le café Turc, où ils s'asseyaient sur des chaises placées alors entre une barrière et le mur. Les Saillard...

Un personnage de la Révolution: Jean-Paul Rabaut de Saint-Etienne

Jean-Paul Rabaut de Saint-Etienne (1743-1793) Nous continuons notre présentation des grands personnages de la Révolution française, avec un extrait de l'un des parcours Blue Lion qui lui sera dédié prochainement. Au n°271 de la rue Saint Honoré (ex n°377) vivait l'un des principaux représentants de la religion protestante durant la Révolution française. Fils d’un ministre protestant, Jean-Paul Rabaut avait connu la répression des reformés de France : son père était proscrit et fugitif et sa mère avait dû se cacher pour ne pas perdre ses enfants, les enfants des protestants leur étant systématiquement séquestrés pour être élevés dans la religion catholique. A l’adolescence, il fut donc envoyé en Suisse pour poursuivre ses études à l'abri du danger et dans un environnement religieux conforme aux croyances avec lesquelles il avait grandi. De retour en France, il décida de s'engager fortement en faveur de la tolérance en publiant la biographie de Ambroise Borély à tr...